La région des Grands Lacs, à l'est de la République Démocratique du Congo est l'une des plus grandes réserves de minerais précieux du monde, comprenant notamment l'or, le diamant et le coltan nécessaire à la fabrication de nos portables.
Loin d'être une manne pour ses habitants, c'est une malédiction qui attire toutes les convoitises. Multinationales, élites locales, pouvoirs occidentaux, voisins africains, tous ont intérêt à ce que le Kivu reste un désordre, sans foi ni loi, où l'on peut piller loin des yeux du monde. Depuis vingt ans, des bandes armées ravagent les villages congolais en toute impunité. Ils utilisent le viol avec extrême violence comme arme de destruction massive pour terroriser la population et la réduire en esclavage.
Dans cette région pauvre et insécurisée, la prise en charge obstétricale des femmes enceintes est quasi inexistante. La RDC a le 16ème taux de mortalité maternelle le plus élevé du monde, avec 7 femmes mortes à l’accouchement pour 1000 naissances.
Au départ, Denis Mukwege, gynécologue, fonde une maternité dans la commune de Panzi située dans la ville de Bukavu (Province du Sud Kivu). Mais en 1999, il opère sa première victime de viol et de mutilation. Il saisit rapidement l'ampleur du phénomène et l’Hôpital Général de Panzi se transforme en centre spécialisé dans l'accueil des victimes de viol.
C’est lors d'un voyage en Belgique que Denis Mukwege rencontre Guy-Bernard Cadière, spécialiste des techniques de chirurgie minimal invasive, notamment la laparoscopie. Il s'est immédiatement montré très enthousiaste à l'idée d'utiliser cette technique dans son hôpital, à Panzi. C'était la solution pour le traitement des lésions profondes dans des conditions sanitaires difficiles.
Suite à cette rencontre, le professeur Cadière a formé une équipe de chirurgiens, d’anesthésistes et d’instrumentistes qui s’est rendue tous les quatre mois pendant une semaine à l’Hôpital de Panzi.
Depuis 2012, avec l’équipe du Professeur Mukwege, le Professeur Cadière est son équipe ont réalisé 28 missions en 10 ans. Six salles d’opération ont été équipées pour la chirurgie minimal invasive et une pour l’endoscopie. Actuellement, 1.800 interventions minimal invasives ont été réalisées et nous avons mis au point des techniques chirurgicales originales de pointe que nous avons publiées.
L’hôpital Général de Référence de Panzi, établi à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), a été fondé en 1999 par le Docteur Denis Mukwege.
L’hôpital de Panzi est spécialisé en obstétrique, en pédiatrie, en médecine interne, en nutrition et en chirurgie générale et spécialisée. 34 médecins y travaillent, dont 12 chirurgiens, pour une équipe totale de 260 personnes.
L’Hôpital Général de Panzi est également le centre de stage et de formation des étudiants en Médecine de la Faculté de Médecine de l’Université Évangélique d’Afrique (UEA).
Alors que l’objectif premier de l’hôpital était de mettre une médecine dénuée de but lucratif à la disposition de la population de Bukavu, il est devenu très rapidement un centre de référence pour les victimes de violences sexuelles.
Pour le Dr. Mukwege, reconstruire l’appareil génital en surface est relativement facile, mais pour opérer plus loin dans le corps quand la perforation est plus profonde, par exemple avec une machette, il est obligé d'ouvrir tout le ventre, ce qui est dangereux pour la patiente.
En 2020, le Professeur Mukwege a demandé au Professeur Cadière d’être maître d’œuvre et de financer un nouveau bâtiment qui regroupe désormais 6 salles d’opérations, une salle d’endoscopie et la stérilisation.
Les 10 ans de formation et la construction du nouveau bâtiment ont été financés par l’ASBL Coelio – Fondation Cadière. Ce nouveau bâtiment, l’African Minimally Invasive Surgery Institute-Fistula Clinic (AMISIF) a pour ambition de développer la chirurgie minimal invasive en République Démocratique du Congo et dans toute l’Afrique.
A l’hôpital Panzi, le Docteur Mukwege et son équipe aident ces femmes à retrouver l’envie de vivre. L’établissement prend en charge les patientes d’une manière globale. Le traitement des blessures physiques et émotionnelles s’accompagne d’un travail de réinsertion socio- économique, pour lutter contre l’exclusion dont peuvent souffrir les victimes après les violences.
Cette approche aide ces femmes à se reconstruire physiquement et moralement, à reprendre leur vie en main et à récupérer ainsi une certaine dignité. Les soins y sont gratuits pour les patients en situation précaire, y compris pour toutes les victimes de violences sexuelles.
En dix ans, le Docteur Mukwege et son équipe ont traité plus de 27.000 femmes victimes de violences sexuelles.
Traitement médico-chirurgical minimal invasive
Prise en charge psychologique
Réinsertion socio-économique
Assistance juridique